Les Loups mordent mais j'ai l'impression de mordiller... [Pas encore finie bande de curieux, va ~]

De petite graine à potiron

Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de mon enfance mais je me souviens de mes parents. Surtout de ma maman. C’était une femme formidable et extrêmement belle. Maman était le genre de femme que toute petite fille rêvait d’avoir et que tous les garçons voulaient comme princesse. Maman faisait les tartes aux pommes les plus merveilleuses du monde. Il m’arrivait de faire semblant de tomber malade pour rater l’école et rester pour l’aider à en faire et lécher toutes les cuillères qu’elle avait trempées dans la pâte.
Maman ne me grondait jamais injustement et ne m’a jamais frappé. Lorsque je faisais une bêtise, elle m’expliquait doucement que c’était mal et que je ne devrais pas le faire. Elle ne me punissait pratiquement pas et m’appelait toujours « mon petit potiron ». J’adorais quand elle m’appelait comme ça. J’adorais ses mains douces qui caressaient affectueusement ma joue au moins cinq fois par jour, son odeur de lavande qui me rendait toujours bien, ses cheveux bruns qu’elle attachait en une tresse sur le côté droit de son visage, ses yeux gris (dont j’ai hérité) qui me jaugeait avec toujours la même étincelle affectueuse malgré toutes les expressions qu’elle y mettait. Maman m’écoutait toujours même quand je n’avais rien à dire. Maman était une femme formidable.
Mon père remplissait son rôle admirablement aussi ! J’avais hérité de ses cheveux roux qui bouclaient joliment. Il était robuste papa à force de travailler la terre. Il avait toujours une petite barbe qui me piquait quand il m’embrassait. Papa était super amoureux de maman et il le montrait souvent. Parfois il s’énervait contre les messieurs qui la regardaient avec insistance, d’autres fois il revenait plus tard avec un bouquet de fleurs trop belles ! Sinon il lui faisait souvent des bisous et beaucoup de câlins. Il m’en faisait aussi mais pas sur la bouche.
Maman m’a raconté qu’elle avait accouché dans sa propre chambre avec l’aide d’une amie sage-femme. Elle m’a avoué avoir eu très mal mais que par la suite, ses heures de souffrances l’ont rendue tellement heureuse. J’étais un bébé en excellente santé mais qui braillait souvent. Mais elle m’aimait. Pour papa, j’étais la deuxième femme de sa vie. Il adorait me faire des papouilles sur le ventre sous le regard bienveillant de maman.


J’ai eu une enfance assez simple bien que mes besoins matériels n’étaient pas réellement comblés. Maman m’avait cousu une peluche que j’appelais « Chris ». C’était un ours avec des oreilles de lapins et une corne de licorne sur le front. J’adorais cette peluche bien que je jalousais les autres qui avaient tout les jouets qu’ils voulaient. Je me souviens que je faisais énormément de crises parce que moi, je n’avais qu’un ours-lapin-licorne. Mais un jour, après que papa m’ait grondé assez sévèrement, je m’étais enfermée dans ma chambre en pleurant durant des heures. Maman était rentrée calmement puis m’a parlé calmement et avec son éternelle douceur. Elle avait achevé notre discussion par une question qui m’a surprise : « Pourquoi ne pas te battre pour des choses qui en valent la peine ? ». Depuis ce jour, je me suis toujours contentée de ce que j’avais.
La seule chose que je demandai lors de mes dix ans, ce fut des cours de boxe. J’aimais la boxe, ça me détendait et je me faisais des tas d’amis.
Comme vous l’auriez deviné, je faisais parti des Renards lorsque la réforme d’Holmesty a été mise en place et je ne m’en plaignais pas. On faisait comme on le pouvait et ça me comblait bien assez. En résumé, mon enfance fut simple mais superbe et je m’épanouissais à vue d’œil sous l’œil bienveillant de mes parents.
Cependant, au fond de moi, il y avait toujours une part d’injustice dans mon quotidien. Les classes se marchaient dessus, on nous collait une étiquette, on vivait en clans et on nous jugeait. Je choisis de garder mes réflexions pour moi. Je ne voulais pas qu’on me haïsse et encore moins que mes parents le prennent mal. Donc je me taisais et leur parlais de mes journées, d’anecdotes amusantes, tout ça, tout ça.

De potiron à Loup.

Le jour de mes seize ans, aucun état de stress ne pouvait surpasser le mien. J’avais peur. Qui sait, peut-être que je deviendrais une Dragone (ce que je redoutais un peu) ou peut-être deviendrai-je un Oiseau. J’étais dans un état où tout mes sens ne répondaient que très peu. Mes membres tremblaient, mes dents mordaient ma lèvre inférieure à sang. Et ce n’était que le matin. Je n’avais ni le courage de m’habiller, ni la force de m’habiller, ni la force d’enfourner dans ma bouche les succulents pancakes de ma mère. J’avais envie de vomir tout les repas que j’avais pris dans ma vie mais rien ne ressortait de ma bouche à part des soupirs tremblotant.
Je m’habillai avec ce qui me venait histoire d’avoir quelque chose sur le dos. Je descendis et mangeai pour ne pas inquiéter ma mère. J’avais peur d’avoir à les quitter. Ils étaient tout pour moi, absolument tout. Je devais cependant prendre mon envole un jour. J’avais mal et je ne voulais pas leur faire de mal.
Sur le pas de la porte, des larmes d’angoisses coulèrent sans mon autorisation alors que je me tournai vers eux. Le nez en trompette de mon père rougissait à vue d’œil et les yeux gris de ma mère s’emplissaient de larmes avant qu’elle ne m’enlace une dernière fois. Je la serrais bien fort contre moi, prenant avec moi son parfum, ses yeux, son odeur, ses larmes.
« - Sache que… quelque soit ton résultat… tu seras toujours notre petite citrouille. »
Ses paroles me réchauffèrent le cœur et m’emplirent d’une force et d’un courage que je n’avais jamais connu. Je m’en allais ensuite après une étreinte chaleureuse de mon père et des « je t’aime », je m’en allais le cœur un peu moins lourd. J’avais confiance à mes parents.


Quelques heures plus tard, le résultat était tombé. J’étais à présent une Louve de Fer. J’étais, selon eux, une personne motivée et forte bien qu’un peu émotive. J’en fus surprise. Très surprise. Je ne m’attendais pas à ça. Pas du tout. Je me souvins les avoir admiré plus d’une fois pour être aussi forts et audacieux. Je m’imaginais parfois, étant une louve et maintenant la paix dans Holmesty. Maintenant j’en suis une. Et je pense encore que je n’ai pas ma place ici.