Un diamant est indestructible { Crystal H.

nous redeviendront poussière

Tu es la perle rare, depuis le jour de ta naissance. Une fille, née dans la misère, voilà ce que tu es et ce qui t'était destiné. Tes yeux ton sauvé Crystal, ses yeux qui n'ont jamais changé de couleur, des yeux clairs, d'un bleu si lumineux et si pur. Tu n'étais pas la fille de ton père, mais peu importe, tu allas devenir sa source de revenue. Tu as grandi en entendant des cris, des pleurs, des coups... Tu as vu le sang coulait et sentit la drogue avant même de ne savoir ce que c'était. Un oiseau sans aile entouré d'oiseaux sans ailes, ils ne savaient pas eux qu'il était hors de question pour toi d'être leur objet. Ils ont vu ta beauté grandir, ton air désinvolte faire ton charme, ton corps frêle attirer le regard le plus sale alors que tu n'avais que huit ans. Cracher à leur visage, voler, manipuler... Une véritable petite reine des entourloupes ma petite, mais fuguer lorsque l'on est haute comme trois pommes, ce n'est pas une bonne idée.

Clandestine dans un train qui allait t'emmener dans une ville encore plus pourrie que celle que tu quittais. Après tut tu'as grandi en voyant tes « parents » se taper sur la gueule et avec deux frères bien trop occupés à essayer de réussir leur propre vie pour s'occuper de la tienne. Ça te saoulait hein . Ça te faisait péter les plombs hein . Tu ne supportais pas de rester dans la crasse tel un fantôme alors que tu voyais déjà dans le miroir le reflet d'un avenir meilleur, en revanche tu ne voyais pas le chemin semé de mine que tu devrais emprunter pour y arriver. La beauté ne fait pas toute ma douce, il te fallait être intelligente, pas futée, mais cultivée. Tu débarquas donc comme ça à Holmesty, 14 ans, avec une tignasse fraîchement rose bonbon et un regard cerné de noir. Tu éprouvas une certaine fierté lorsque fit plier un adulte pour la première fois à tes moindres désirs. Un professeur, lui réalisait son fantasme en emmenant une jeune fille chez lui, toi tu pouvais enfin apprendre... Il y avait seulement certaines règles à respecter... On ne touche pas la princesse, on la regarde, on la désire, on lui brosse les cheveux... Mais on ne la salit pas. Les hommes te dégoûtent ma poupée, leur fantasment t’écœurent, te donnent la nausée et tu t'es joué d'eux, ils le méritaient après tout. Tu te souviens encore de l'horrible surprise dans leurs yeux quand leurs femmes débarquaient à la maison après que tu leur aies laissé un petit mot explicatif, que tu fondais ensuite en larmes à l'arrivée de la police... Petite maligne.

from earth to the sky

Et tu as continué, sans pitié aucune. Au départ tu ne voulais que deux trois petites choses ; des cigarettes, pouvoir te payer de quoi manger et surtout pouvoir payer le loyer du misérable 12 m² dans lequel tu pieutais avec une prostituée défoncée à longueur de journée. Elle t'a fait découvrir le sexe. Adieu les règles avec elle, elle te faisait pitié quand elle pleurait à la mort quand tu jetais ses conneries dans les toilettes, tu voulais la réconforter. Tout le monde ne pouvait pas s'en sortir de la même façon que toi, beaucoup se traînaient dans la merde des rues sombres de cette ville. Elle était ton rattachement, Amélia, malgré les doses qu'elle s'enfilait, son sourire te touchait quand tu rentrais à la maison. Ce soir-là vous pleuriez côte à côte, le studio était enfumé par l'herbe que vous fumiez ensemble, elle voulait arrêter, elle te disait vouloir devenir comme toi car elle te trouvait forte. Dans une étreinte tu t'es perdue sous ses caresses, sous ses baisers. Amélia t'a faits découvrir la douceur et le lendemain vous avez quitté cet appartement pourri, économies de côté, mains dans la main vous avez décidé de ne plus vivre dans la merde.

C'est bien pour ça qu'aujourd'hui rien ne pourrez-vous séparer. Tu l'entretiens bien plus que l'inverse, dans un appartement de 120 m², votre vie est parfaite. C'est plus que de l'amour, elle est ta seule amie, ton seul rattachement à ton passé, celle qui te rappelle tout ce que tu as faits pour devenir ce que tu es ; le précieux diamant qui orne le bras de ces hommes riches et imbus d'eux-mêmes. Elle travaille comme fleuriste, a décroché de la drogue même si un bon joint partagé vous fait toujours du bien, tu sais qu'elle s'inquiète quand tu ne rentres pas à l'heure, mais tu sais aussi qu'elle t'aura laissé une part du repas prête à être réchauffé dans la cuisine. Et si elle approuve de moins en moins de te voir te dévergonder pour ramener de l'argent, elle sait que tu prends plaisir à manipuler ces idiots. On admire, on cajole, on couvre de cadeau, on se montre à ton bras, tu es celle qui met le peps dans leur vie monotone, ton excentricité attire les regards, le bleu de tes yeux les noie et ils sont hypnotisés. S'ils sont sages, ils auront peut-être droit à tes faveurs. Tu es la poupée que tout le monde veut s'accaparer, mais aussi l'ange des bas quartiers, où tu te rends souvent pour ne pas laisser des enfants vivre la même chose que toi. Hey Mère Thérésa, fais gaffe, quelqu'un pourrait bien briser ta coquille.